AFFICHES
« En prenant l’affiche,
je prends l’histoire. » disait JacquesVilleglé.
Ben non, moi pas vraiment
dans la mesure où bien que la matière affiche soit ancrée dans son
époque, la face arrière que j'utilise le plus souvent, ne renseigne
qu'imparfaitement sur la technique d'imprimerie et le papier. Les
images du recto qui seraient plus parlantes question histoire et
pratiques sociales, ne sont pas souvent utilisées dans le travail.
Je ne reprends pas non plus le terme "dessous d'affiche" de François Dufrêne, puisqu'il exprime autant le verso de l'affiche, que ce qu'il y a sous l'affiche - à savoir d'autres affiches ou un support.
Dos d'affiches me semble donc plus approprié pour décrire le matériau et la face que j'utilise.
Je ne reprends pas non plus le terme "dessous d'affiche" de François Dufrêne, puisqu'il exprime autant le verso de l'affiche, que ce qu'il y a sous l'affiche - à savoir d'autres affiches ou un support.
Dos d'affiches me semble donc plus approprié pour décrire le matériau et la face que j'utilise.
Les affiches collées, superposées
sont une matière, un support papier donc découpable, multicouche
donc pelable, comme les plaques de graffes des "DéGRAPHéS" sont découpables et
ponçables.
Celles que je récupère sont dans la
rue, disponibles, matériau gratuit, lié à des événements, donc
temporaire et voué à la destruction, peut-être au recyclage pour
les affiches collées sur panneau d'affichage libre légaux.
- extraction
- standardisation
- je peux m'arrêter là ou continuer
- re-composition par découpe
- et/ou retrait par découpe et pelage de couche
- et/ou ajout d'autres matériaux (papier, peinture , ...)
- dans n'importe quel ordre d'intervention
Seuls les 2 premiers actes sont pour l'instant systématiques .
extraction |
récolte d'affiches dans la rue, en
multicouche, sur affichage libre ou sauvage . Une première récolte
avait été réalisée rue Mercoeur pour STEUFF caillou (post de février 2020) :
le dos de l'affiche a servi de support/fond à 3 dessins, l'un comme
simple fond coloré, 2 autres comme fond symbolique lié à la
révolte (slogan 2.0) . Pendant le confinement, en recherche
de matériau disponible (magasins fermés) : récolte puisée
sur les portes d'une ancien transformateur électrique, rue Léon
Bureau .
Constat :
La face visible est à base de
photographies en quadrichromie . Elles sont principalement dédiées aux
concerts et aux sorties d'album où trônent les trombines
des musiciens. Récemment vue, une affiche annonçant une tournée …
de marque de vêtements !? Beaucoup moins d'illustrations
dessinées, d'affiches de typographie sur fond uni : fini ou
presque le graphisme mélange d'aplats colorés* et photographies du
travail de Villeglé.
Le « brutalisme » façon
Raymonds Hains semble encore possible, c'est à dire partir avec le
support surtout avec le retour de palissade en planche de bois pour
les chantiers, il faut alors aussi compter sur les graffes à la
bombe. Mais la ville est un peu trop fliquée maintenant.
* les aplats colorés
existent encore dans les couloirs du métro parisien, sur les
emplacements publicitaires non vendus : bleu outremer, rouge
vif, vert vif médian, jaune ?.
Pour moi, la face cachée est plus
intéressante que la face visible . Elle entre dans mon d'intérêt
pour les « matières colorées, action aléatoire du temps »
prenant actuellement la forme de photographies d'extrait de murs.
Ce dos est principalement en nuances de
blanc, rose, gris-bleu, genre de « allover » avec moins
que plus de transferts d'images ou de typographie de l'affiche
précédente, probablement en raison de l'évolution de la technique
de l'imprimerie, du papier et des encres. Majoritairement : fini
les transferts et la typographie qui définissent le travail de
François Dufrêne .
La surface est plus ou moins fripée,
ce qui a une influence sur la disposition des couleurs et sur le
relief.
En mars, la particularité du lieu d'extraction
« Léon Bureau » réside dans le support : des
portes métalliques, rivetées , peintes mais rouillées. De la
rouille reste collée au dos de la première affiche. J'ai pu en
récolter avec traces de rouille et écailles de peinture bleu foncé.
Rue Mercoeur après une
extraction, il m'est passé par la tête de laisser une empreinte
dans les couches d'affiches restantes. J'y ai « gravé »,
découpé une croix au cutter . Je me suis senti mal à l'aise de le
faire, il y avait des passants . Le résultat ne m'était pas probant
non plus mais peut-être parce que n'assumant pas, je n'y ai pas mis
un grand soin.
standardisation |
Panneaux bruts aux bords irréguliers et fragiles, ils
ne m'intéressent pas plastiquement . Ils sont redimensionnés aux formats rectangles ou carrés
pour l'instant. Au besoin, je recolle des
bords, des angles manquants : je complète . Je
n'ai pour l'instant pas repris le(s) format(s) exact(s) d'une affiche
standard mais ceux d'encadrements du commerce.
20*20cm
40*30cm
50*40cm
…
Ce redimensionnement à un format régulier
est aussi un rappel du format papier, standardisé sortant de
l'imprimerie.
Le format créé dans les panneaux est le résultat
d'un choix arbitraire de maximisation de formats standards dans une
surface donnée . Bien qu'il s'agisse d'un matériau de récupération
« gratuit », je tente de l'utiliser au mieux en limitant
les chutes et le gaspillage. En conséquence, les « compositions »
graphiques résultantes ne sont que très partiellement préméditées.
Ensuite, le degré de
conservation/disparition des couches est fonction de ce que je décide de faire
avec le déjà là. Cela varie . Différents degrés d'intervention sont possibles par rapport à la couche superficielle
visible :
- l'existant comme finalité en soi, série nommée M.A.F.
- conservation partielle
- appui pour le devenir (déclencheur d'intervention)
- simple support matériel qui disparaîtra plus ou moins
dans tous les cas, le matériau aura
quand même des conséquences sur la matérialité de la pièce (état
de surface, épaisseur, réaction des autres médiums sur cette
surface, ...).
découpe et re-composition |
Découper le format selon un processus
simple, répétitif et intuitif (sur le moment) . De telle sorte que
malgré des permutations, inversions, le format d'origine est
recomposé, recollé. Et ainsi de suite. Cela crée des structures
proches de De Stilj .
Puisqu'il
s'agit d'un travail sur le format,
la question d'un cadre, d'un passe-partout qui déborderaient sur le
format est exclu.
Présenté en l'état comme le préconisait le mouvement Support-Surface ? Marouflé sur un
matériau plus rigide format identique ? dans une caisse américaine à l'instar de la manière dont les travaux
de Villeglé et Dufrêne sont actuellement présentés dans les galeries ou conservés dans les musées. ?
ajout/retrait |
La matière brute
est un peu plus modifiée . En plus d'être potentiellement
décomposée-recomposée, des parties sont retirées, des éléments
étrangers sont ajoutés :
- découpe et décollage partiel de couches
- retrait de la couche d'impression par scotch (face recto de l'affiche)
- trou + fond coloré supplémentaire à distance
- peinture, feutre, graphite ...
- formes brutes géométriques d'un autre matériau ou peintes
Une part de hasard entre en jeu puisque, si je décide de retirer des couches, je ne sais pas à l'avance ce que je vais trouver, mais comme pour les DéGRAPHéS, je peux orienter au fur et à mesure des "découvertes".
La série ASQALD "à savoir qui aura le dessus", est sur ce principe de retrait et rajout. L'intension est de perturber visuellement la hiérarchie de la superposition des couches grâce à des formes contrastées qui semblent passer devant, derrière.
Par le travail sur ces couches retirées ou rajoutées, je rejoins celui des INTRUSIONS et des TTBR (Très Très Bas Relief).
papier peint |
La matière brute
peut être plus ou moins modifiée . En plus d'être potentiellement
décomposée-recomposée, des parties sont retirées, des éléments
étrangers sont ajoutés pour former un pattern, un module. Il est scanné, potentiellement modifié sur logiciel de DAO, édité en feuille et collé sur support mural, panneau d'affichage urbain.
Le premier opus retour à l'expéditeur a été réalisé sur panneau d'affichage libre, rue Sarrazin (Nantes) en février 2020 dans le cadre de l'exposition à ciel ouvert "pour l'amour de l'Art".